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Normandie, juillet 1639. La pression fiscale énorme subie par la région, augmentée à cause de l'effort de guerre de la Guerre de Trente Ans et le déficit du Trésor royal atteint son paroxysme. Après l'assassinat d'un collecteur d'impôts à Avranches, un vent de révolte se propage comme une traînée de poudre jusqu'aux villes voisines, sous le commandement de Jean Qetil, dit Jean Nu-Pied. Femme de laboureur, un fermier possédant sa propre terre, elle n'avait rien d'une héroïne; c'est pourtant avec enthousiasme qu'elle s'engagea aux côtés de son époux dans la révolte, le couple n'ayant aucun enfant, sur l'incitation du curé de sa paroisse.

Emprisonnée à Caen sous la violente répression ordonnée par Richelieu, Juliette est le témoin de la décapitation de son mari. En attente d'être jugée, elle rencontre Jules de Boisgelin, gentilhomme breton, qui parvient à la faire libérer. Il l'étreint en septembre 1646 après sept années passées à son service en tant que goule. Admise à la Cour du Prince de Nantes, elle y devient rapidement connue pour sa verve et sa conviction souvent extrême même selon des critères Brujah, et augmente sa culture au cours des décennies sous l'égide de son Sire, lisant principalement les théoriciens politiques et autres philosophes mais développant également des connaissances quasi-encyclopédiques en sciences. Exilée après une tentative de coup d'état par son Sire - qui fut brûlé à la lumière du Soleil pour ce crime - sans que l'on puisse prouver son implication en 1712, elle mène par la suite une vie d'errances entre de nombreuses cours de France et d'Europe, dormant bien souvent sous terre entre les trajets : Avignon, Barcelone, Vienne - où elle rencontre Hans Bernehed pour la première fois -, Budapest, Cracovie et enfin Paris en 1789, attirée par le mouvement Révolutionnaire parmi les mortels desquels elle s'est toujours sentie très proche - et dont elle a souvent pris la température au service de ses Princes successifs. C'est dans cette ville qu'elle étreint son premier infant, un jeune homme laissé pour mort sur les barricades et devenu sa goule de 1790 à 1799.

A nouveau sur les routes dès 1814, elle rejoint la cour de Londres où elle gagne le poste de Sénéchal. Elle quitte la ville en 1861 lorsque le Prince fidèle à ses idées est destitué, et retourne à Paris où elle se rapproche encore des mortels, participant à de nombreux salons de discussions où elle croise plusieurs figures de l'époque. Elle encourage l'insurrection de la seconde Commune et se forme un système de valeurs libertaires tendant à l'anarchisme. Nommée primogène Brujah en 1918, elle est encore à l'heure actuelle le lien principal de la Cour de Paris avec les mortels et les autres Cours européennes, où elle n'hésite pas à se déplacer en cas de nécessité. Malgré une intelligence aigüe, son agressivité et ses convictions l'ont bien souvent conduite à de nombreux conflits. Opposée à Rouvraye, elle a de nombreuses affinités avec le mouvement Anarch bien qu'elle reconnaisse la nécessité de la Camarilla, qu'elle propose néanmoins de réformer. C'est une alliée proche de Bernehed depuis leur première rencontre, ce qui n'aide pas à améliorer leurs réputations respectives...

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Né en 1606 à Augsburg, (Bavière), Hans Friedrich Bernehed, enfant d'une putain quelconque saillie par un milicien local, fut déposé par cette première le jour suivant devant le monastère St. Ulrich. Envoyé chez les nonnes catholiques pour y être élevé dans la plus stricte tradition religieuse, il retourna naturellement chez les Bénédictins dès qu'il fut en âge. D'une intelligence perçante, il devint rapidement érudit, d'abord en ce qui concerne les Ecritures mais également en matière de langues mortes, desquelles il traduisit quelques ouvrages antiques. Sa curiosité maladive ne s'arrêta néanmoins pas là et le jeune homme s'intéressa très vite aux sciences naturelles et à la philosophie non-religieuse, notamment la biologie et de nombreuses thèses contraires à la doctrine officielle de l'Eglise. Fatalement, il finit par se tourner vers les thèses luthérienne et calviniste très en vogue à l'époque, qui étaient protégées depuis la Paix d'Augsburg de 1555. Instruit dans ces voies interdites, il se vit éjecter du monastère à à peine vingt-trois ans, date à laquelle l'Empereur Ferdinand II promulgua l'Edit de Restitution réinstaurant les discriminations vis-à-vis de la communauté protestante.

Nous sommes en pleine guerre de trente ans dans l'Empire, mais cela n'empêcha pas Hans d'étudier clandestinement les thèses protestantes, avant d'en être intronisé pasteur. Lorsque, en 1632, les armées suédoises envahirent la cité sans résistance et y empêchèrent l'application de l'Edit de Restitution, il devint également milicien et défendit la ville lors du siège désastreux de 1634, qui en vit disparaître plus de la moitié des habitants.

Etreint six ans plus tard lors d'un voyage à Munich, il traversa une période difficile de rejet de sa nouvelle condition. Abandonné par son Sire dès le début, il découvrit une vieille église dont il verrouilla les issues, ne sortant que la nuit pour se nourrir d'animaux de ferme et priant à longueur de temps, à la recherche d'une solution à la maladie qui l'étreignait désormais - qu'elles soient d'ordre religieux ou alchimique. Finalement résigné, c'est à la Cour de Vienne qu'il fit ses premiers pas dans la société Caïnite; il y rencontra Juliette Vernan, Brujah de passage, et les deux développèrent déjà une forme de respect mutuel qui existe toujours aujourd'hui. Ce n'est qu'en 1848 qu'il rejoignit la Cour de Paris, d'abord en tant que Fléau du primogène Nosfératu qu'il remplaça naturellement en 1944, après avoir mis au jour diverses activités criminelles, notamment des assassinats au service du Sabbat. Il hérita de son réseau de renseignements qu'il modernisa, et fonda la "Cour des Monstres" dont il est en quelque sorte Prince honoraire, dans les vastes catacombes, égouts et métros parisiens. Surnommé amicalement "l'Abbé" par ses alliés, il dirige désormais le plus grand réseau clandestin de la ville; c'est un Caïnite moderne dont les armées de hackers et les espions - humains, goules et vampires - ne cessent de tisser une toile complexe sur la métropole. Plutôt proche des humains et loin d'être aristocrate, il tend à sembler prendre peu de choses au sérieux et, s'il n'est que rarement à l'Elysium, ses interventions y sont remarquées voire craintes, autant pour son manque de distinction que pour son pouvoir qui s'étend dans les ombres telles les tentacules du poulpe.

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